Nos murailles de chine

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Nos murailles de chine

Nos murailles de Chine

Lorsqu’une personne, plus ou moins proche, nous critique ou nous reproche quelque chose, il n’est jamais très facile de le recevoir. Pourtant notre mental peut accepter, en théorie, l’idée que la critique puisse être “constructive” (quoique… ). Mais quand l’émotionnel s’en mêle, quand ça se joue dans la famille, dans notre couple, avec un(e) ami(e), ou plus encore à l’intérieur de soi… il s’agit d’une toute autre histoire.

Pourquoi ça ?

Lorsque nous sommes petits, notre appareil psychique encore immature, peut vite se sentir débordé par des émotions intenses de détresse (peur, tristesse, colère, sentiment d’abandon, de rejet… trauma etc). La partie protectrice de soi catalogue ces moments d’intensité émotionnelle comme dangereux et décide alors de nous protéger en érigeant des “mécanismes de défense”.

Ces mécanismes de défense sont comme des murailles de protection qui nous coupent de la situation ou du lien qui activent ces émotions intenses. Barricadé(e)s derrière cette protection nous pouvons enfin souffler et nous sentir en sécurité.

Super efficace !”, me direz-vous… Oui en effet, et c’est pour cette raison que les mécanismes de défense sont “respectés” par de nombreux psychanalystes pour ne pas déstabiliser le patient. Le thérapeute bienveillant, est alors contenant et rassurant.

Cependant il y a au moins deux effets secondaires dont on parle peu… et qui sont pourtant bien ennuyeux dans ce mécanisme universel de “défense”.

  • Tout comme un mur vous empêche d’avancer, cette muraille protectrice vous empêche aussi d’évoluer. Pire… elle vous fait tourner en rond, dans votre “zone de confort”. Et vous maintient ainsi dans votre problématique émotionnelle qui s’alimente et ne peut s’ouvrir à autre chose.
  • Ce mur vous coupe aussi du lien, c’est à dire de la relation… cet espace invisible de rencontre, entre deux êtres, qui nourrit.

Alors comment faire ?

Comprenez tout d’abord comment cette barrière de protection fonctionne :

Imaginez-la vous encerclant.
Bien souvent, celle-ci est invisible de l’intérieur. Votre inconscient vous la rend invisible pour que vous puissiez rester en lien (ou plutôt avoir l’impression de rester en lien) avec l’extérieur sans vous perturber dans votre quotidien. La contre-partie, c’est qu’en restant invisible, elle reste ainsi bien en place et continue d’agir comme une limitation, ni vue ni connue.
Et quand nos blessures les plus profondes remontent à la surface, elle peut même activer la fonction “écran géant” (nous encerclant toujours), qui projette nos plus grandes peurs sur ce qui se passe à l’extérieur. C’est là que cette fonction interne nous fait vivre le monde comme très dangereux. La muraille se fortifie encore plus et nous enferme encore plus dans cette cage personnelle, invisible et répétitive…

Le plus difficile dans ces moments-là, c’est que, comme on croit ce que l’on voit, l’histoire transformée qui se déroule sous nos yeux nous semble réelle. Du coup, lorsque les personnes autour de nous, nous disent que non c’est pas si grave… non seulement ça ne nous rassure pas, mais pire… ça nous fait nous sentir seul(e), incompris(e)… et la muraille devient forteresse inaccessible… qui peut même aller jusqu’à couper la ou les relations.

Si cette muraille est invisible de l’intérieur, elle peut, par contre, être visible de l’extérieur. Par les personnes entrainées à observer ces mécanismes de défense mais aussi celles qui vous sont proches, qui vous ont tellement côtoyé(e) et qui les ont tellement “subies”, qu’ils ont eu le temps de s’en rendre compte.
Car nos filtres inconscients agissent efficacement sur nous mais pas sur les autres. Comme les leurs agissent sur eux mais pas sur nous. C’est pour cette raison qu’”il est toujours plus facile de voir la paille dans l’oeil du voisin que la poutre dans le sien” (Cf. l’article : “Les angles morts de l’inconscient”).

Par contre, quand vos blessures les plus profondes sont activées, elles ne perçoivent pas l’écran géant qui vous entoure ni l’histoire qu’il vous raconte… car celui-ci est tourné vers vous, non vers eux. Elles ne peuvent donc comprendre ou adhérer à vos peurs et argumentations. Je sais, c’est dur…
Sauf si elles ouvrent leur coeur pour recevoir ce que vous ressentez, sans le juger. Ce qui est très rare, surtout parce qu’elles sont généralement parties prenantes de la problématique relationnelle et elles-mêmes aveugles sur leur propre système.

Donc rien ne sert de compter sur leur bienveillance sans jugement pour aller mieux ! Je sais, je sais… mais non ce n’est pas injuste… c’est juste la manière dont ça marche.

(J’entends déjà l’une de mes amies les plus proches me dire : “Bah, ouais, mais la manière dont ça marche c’est nul, j’aime pas, et c’est injuste !!”.  Et moi de lui répondre : “Je compatis tellement, ma chérie, tu sais ! Moi aussi je trouve ça nul dans ces cas là. Et moi aussi j’ai du mal à le faire… mais mon expérience m’a prouvé maintes fois, que cette position de refus, ne soulage pas au contraire… elle alimente le problème. Alors c’est dur, mais allez ! On se bouge de là ! Je suis là…”)

Non, vous n’êtes pas tout(e)s seul(e)s …

L’idée c’est que, quand quelqu’un de proche, quelqu’un de bienveillant qui vous aime (Si, Si ! Même s’il vous critique) vous pointe du doigt (plusieurs fois) une tendance, un mécanisme ou une habitude que vous auriez, sachez mettre votre Ego de côté (même si vous ne reconnaissez pas ce qu’il dit) et commencez à regarder dans la direction pointée. C’est comme de regarder dans une pièce noire… au début vous ne voyiez rien… mais à force d’insister vous commencez à mieux distinguer.

Généralement, lorsqu’on vous fait remarquer un “défaut”, un “manque”, une “violence” etc… la première réaction que vous allez avoir, est de vous barricader à double tour au sein de votre muraille de Chine. Celle-ci étant invisible, elle se met en place ni vue ni connue (enfin… surtout de vous-même).

Il y a donc une petite astuce pour la “percevoir” à défaut de la voir.

Elle se met toujours en place en même temps que l’activation des émotions intenses dont elle tente justement de vous protéger

Donc lorsqu’on vous reproche quelque chose et que vous êtes submergé(e) par des émotions intenses… sachez deviner la signature invisible de votre muraille de Chine.

Celle-ci a d’ailleurs plusieures facettes :

  • Le rejet/refus/déni
  • Qui peut s’accompagner ou non de l’argumentation pour convaincre avec détails et exemples issus du passé.
  • La victimisation et son acolyte préféré le sentiment d’injustice
  • La projection du problème sur l’autre, où on renverse la situation
  • La fuite (silencieuse ou physique) avec évitement du conflit.

Vous pouvez tout à fait en utiliser plusieurs à la fois. Les 4 premières facettes vont bien ensemble par exemple :-/

Accueillir, recevoir c’est d’abord pouvoir écouter l’autre sans se défendre, sans lui expliquer qu’il a tort… oui je sais… c’est pas facile mais c’est possible. Respirez profondément.
Et si vous attendez que l’autre le fasse, pour le faire à votre tour… vous risquez de tourner en rond longtemps !

Pour pouvoir le faire, il faut donc déjà pouvoir accueillir l’émotion vécue en soi. Prenez donc un temps avec vous-même, isolez-vous. Et faites des exercices d’accueil des émotions (via la méditation, l’hypnose, la sophrologie, la relaxation… vous avez le choix).

Portez votre conscience à l’intérieur et sur le corps

Ça revient à prendre soin de son émotion et donc à prendre sa propre responsabilité quant à son activation.
Oui je sais c’est l’autre qui a appuyé sur votre bouton émotionnel… intentionnellement ou non… mais c’est VOTRE bouton et il était là avant qu’on l’actionne  donc …

  • Accueillez l’émotion dans le corps, en premier lieu. C’est à dire, concentrez vous sur la sensation physique de l’émotion et autorisez-la à augmenter à chaque inspiration, puis détendez-vous à l’expiration. Ce processus va débloquer le double verrou de la porte intérieure de votre muraille, qui devient alors visible.
  • Laissez ensuite le subconscient vous guider (toujours pendant l’exercice) vers les mémoires passées (personnelles, transgénérationnelles ou antérieures) qui y sont liées. Laissez l’image-in-aire vous aider pour ça.
  • Une fois les mémoires passées recontactées (prise de conscience du schéma répétitif), activez la porte en l’ouvrant de l’intérieur… c’est à dire passez à l’action de la libération émotionnelle en vous rassurant vous-même (Image de l’enfant intérieur qu’on prend dans ses bras et qu’on rassure). Rappelez-vous comment vous avez survécu par le passé et faîtes confiance en votre capacité de rebond.

Une fois le vide contacté, le soulagement installé, vous allez pouvoir enfin sortir de la muraille en acceptant votre vulnérabilité et votre responsabilité pour pouvoir avancer… sachant que dans cette situation vous êtes votre meilleur allié pour savoir rebondir si besoin, activant ainsi la confiance en soi. Il sera alors plus facile de revenir vers l’autre en retricotant le lien.

Toutefois, attention à ne pas rester sur le pas de la porte, en faisant mine d’avancer vers l’autre tout en continuant de vous protéger… la remise en question risquerait alors de ne pas être totale, donc pas totalement satisfaisante et restaurante pour la relation. Sortez complètement de votre défense… et sentez au passage la légèreté du vide qui vous accompagne.

Prenez votre temps… et soyez doux avec vous-même. Vous pouvez le faire 
Et n’hésitez pas à utiliser l’aide d’un thérapeute si vous avez besoin de soutien ou d’initiation.

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